Une enquête de l’Observatoire Amarok faisait récemment état de la santé des dirigeants et de leur exposition au burn-out, mentionnant que près d’un patron sur cinq en souffrirait aujourd’hui. Un constat inquiétant… encore plus dans le cas des PME où « un pépin de santé du patron peut avoir des conséquences dramatiques »[1]. Un sujet d’autant plus d’actualité que nous traversons une crise douloureuse pour de nombreux dirigeants de PME…
« Jusqu’ici, tout va bien… »
Les dirigeants de PME sont particulièrement sollicités, notamment parce qu’ils occupent souvent plusieurs fonctions à la fois dans l’entreprise. Comme le mentionnent Corentin Letort, fondateur des soins pour homme Bivouak et Fabien Visse, créateur d’Esthésiebox (autoédition) : « Lorsqu’on est dans une petite structure, on a tendance à faire beaucoup de choses tout seul… », et Corentin d’ajouter : « …mais on n’est pas bon dans tout ! ».
En prise directe avec le business, ils ont parfois du mal à déléguer et gèrent de nombreux soucis quotidiens, ce qui occasionne une surcharge de travail. Résultat : un stress important qui menace leur santé à la longue et participe au risque de burn-out.
Le problème, c’est que la surchauffe intervient lentement, insidieusement, sans que l’on s’en rende forcément compte. Vous connaissez probablement la métaphore de la grenouille ébouillantée ? « Si l'on plonge une grenouille dans l’eau bouillante, elle va tenter de bondir hors du récipient et pourra certainement se sauver. Par contre, si on la plonge dans un récipient dont l’eau est à température ambiante et que l’on réchauffe l’eau progressivement, elle restera dans le récipient jusqu’à mourir ébouillantée ». [2] Même si cette expérience a été contestée par les scientifiques, elle illustre néanmoins, dans les livres de management, « le piège qui pousse les entreprises à attendre les difficultés pour y trouver remède ». Et les dirigeants n’échappent pas à cette tendance.
Une prise de conscience parfois violente
Le témoignage d’André Barreteau, dirigeant de La Mie Câline, illustre à plus d’un titre comment le dirigeant peut se laisser déborder et finir par craquer[3]. André Barreteau nous raconte son parcours au sein de son entreprise familiale, dans laquelle il a débuté à ses 14 ans. Au moment où il reprend la société, il se fixe des objectifs très ambitieux d’ouvertures de magasins, qu’il atteint avec succès. Mais c’est alors que, sans prévenir, il va se retrouver « avec un genou à terre », « ne [sachant] pas de quel mal [il] souffrait ». Il résume : « J’avais perdu pied » … Il perd toute confiance en lui, et reconnaît ne plus se sentir capable de communiquer avec les autres.
Cette situation lui rappelle alors que deux ans plus tôt, il avait perdu deux amis proches, avec qui il avait l’habitude auparavant de s’évader du travail et de passer des moments agréables en dehors de la sphère professionnelle. Un vrai choc qui l’amène à prendre deux décisions fortes, en accord avec ses équipes : d’abord, ne plus travailler l’après-midi, et ensuite, nommer deux directeurs généraux pour prendre le relais. Une initiative salutaire qui l’a aidé à se remettre au sport, à voir sa tension baisser et à lui donner le goût de l’écriture.
Un témoignage similaire nous a été confié par Nicolas Lovera, l’un des deux dirigeants de la société d’aménagement en sports et loisirs Playgones[4], qui nous confiait : « Auparavant je ne comptais pas mes heures. Quand on rachète une société, on y passe sa vie, week-ends inclus ! Mais un jour j'ai perdu mon meilleur ami et ceci m'a remis le sujet du temps en perspective. Aujourd’hui, nous voulons améliorer au quotidien notre façon de travailler ».
Alexis Cavelier, CEO de Wheelness (solutions de hub sportif mobile), précise : « Pour tenir le coup dans une aventure entrepreneuriale, il est important de pouvoir compter sur son entourage familial, et adopter une bonne hygiène de vie, savoir récupérer ».
Une solution : se faire aider par des managers qui travaillent à temps partagé
Il est important, et c’est encore plus vrai en temps de crise, de pouvoir s’appuyer sur une équipe solide en qui le dirigeant a suffisamment confiance pour déléguer. Celui-ci doit être particulièrement bien entouré pour prendre les meilleures décisions au meilleur moment. C’est le point de vue de Thierry Deuzé, Directeur Général de Carter-Cash International : « L’enjeu du dirigeant est de savoir responsabiliser ses équipes, afin de ne pas avoir à prendre de décisions que d'autres peuvent prendre en toute autonomie ».
Si toutes les PME ne peuvent pas forcément se permettre d’adopter des mesures aussi radicales que celles mises en place par André Barreteau, il existe néanmoins des solutions pour sortir la tête de l’eau.
Le recours à un professionnel à temps partagé peut être une alternative, ou du moins, une première étape, lorsqu’une compétence manque dans l’équipe managériale ou en cas de surcroît d’activité.
Les ressources financières de l’entreprise ne permettent pas forcément de recruter une personne à temps plein et en CDI au sein d’une équipe de direction. En outre, les profils expérimentés peuvent coûter cher.
Dans le cas également où l’activité de l’entreprise varie fortement, ou si l’avenir est flou comme actuellement, il est difficile de justifier l’embauche de collaborateurs-clés. Ces besoins, alors ponctuels, nécessitent la présence d’un expert impliqué, pendant une certaine période, et qui pourra être ensuite moins présent dans la phase suivante.
Au quotidien comme en situation de crise, ou en période de surcharge, on peut choisir d’intégrer des directeurs à temps partagé sur lesquels on pourra s’appuyer, sans embaucher et sans s’engager dans le temps, pour un budget flexible et modulable. Et ainsi rester le plus solide possible pour maintenir le cap de sa société, et affronter plus sereinement tous les obstacles sur sa route.
#pme #burnout #flexibilité #tempspartagé #externalisation
[1] https://www.chefdentreprise.com/Thematique/rh-management-1026/bien-etre-travail-2053/Breves/Pres-patron-expose-burn-out-346536.htm
[2] Guide de survie du manager - 2e éd.: Réussir dans la jungle de l'entreprise
[3] https://www.ouest-france.fr/economie/entreprises/sante-du-dirigeant-et-performance-de-l-entreprise-34-des-dirigeants-sont-en-zone-d-alerte-6406360
[4] www.playgones.com
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